Préface(s)
Ce que vous faites fait une différence, et vous devez décider quel genre de différence vous voulez faire.” Jane Goodall primatologue
André MANOUKIAN
Subrepticement, un air chaud venu du sud traverse les herbes finit pas. Le lion rugit. Les feuilles, happées par la trompe de l’éléphant s’entrechoquent. La femelle léopard appelle son petit d’un court feulement. Dans la savane le silence n’est jamais vide. Il est peuplé de froissements, de brises, de regards, de cris, de chants... Un dialogue muet où chaque cliché est une note discrète entre deux Cette terre respire et ce souffle-là, c’est le pouls d’un monde où chaque animal joue sa partition. Une symphonie sans chef, musique née du chaos primitif, où tout est à sa place, la polyphonie du vivant. Avant de photographier, Francis Bompard a écouté. Avec Tony son guide, il a appris au fil du temps à ne pas troubler le rythme, à traquer, à approcher en silence, à respirer le tempo des bêtes, à observer sans déranger. Ce livre, « Murmures », n’est pas un simple safari, c’est la partition d’une musique visuelle. battements. Il y a dans ces images quelque chose de jazz: un instant volé, un solo fragile, une beauté qui surgit dans le déséquilibre. Rien n'est figé.Tout respire.Tout s'évapore.Les images, que vous allez découvrir, ne sont pas des prises, ce sont des offrandes. Des confidences visuelles, arrachées au temps, à la poussière, à l’éphémère. Une vision de la beauté sauvage et du lien fragile qui existe entre nous et l’animal. Attention, derrière toute cette poésie, il y a l’urgence. Derrière la beauté, le fragile, derrière la contemplation, l’engagement. Le cercle intime auquel Francis nous convie, risque de se briser si nous ne le protégeons pas. C’est pourquoi les bénéfices tirés de ce livre sont reversés à une Association locale du Botswana, « Mind Floor Foundation For Wild Animal Rescue » qui œuvre aux soins et à la réhabilitation d’animaux sauvages blessés. Ouvrez ce livre comme on écoute une sonate. Laissez la brousse vous traverser. Dans la musique de la vie, chaque espèce a sa note, chaque pulsation son écho. Écoutez avec les yeux. Et souvenez-vous que si la nature se tait, il n’y a plus de musique.
— André Manoukian
Francis BOMPARD
Primate à quatre pattes, son corps s’est redressé, il est devenu mains ont contribué à son évolution. Il a pu ainsi gérer des » fonctions intellectuelles complexes comme la créativité, le raisonnement logique. Progressivement il a réussi à compenser son manque cruel d’adaptation à la nature. Et plutôt que de s’y acclimater, il a modifié son biotope, le modelant à ses besoins. De nomade bougeant au gré de sa recherche de nourriture, il est devenu sédentaire, il a construit. Sa conquête des territoires est devenue intensive lors de la révolution industrielle. La recherche de ressources énergétiques ajoutée à une démographie galopante ont progressivement repoussé les animaux sauvages à la portion congrue de la vie terrestre. Pour mieux mesurer cette dégradation, imaginons que les 4,6 milliards d’années d’existence de notre planète soient ramenés à une année, l’homme moderne serait apparu il y a quatre heures et la révolution industrielle… il y a une minute. Une minute à peine et déjà la moitié des forêts a disparu, 75 % des milieux terrestres sont altérés, 66 % des océans sont dégradés, 60 % des populations animales sauvages effacées. On peut ajouter à cette liste sordide les conséquences des activités humaines cupides, tels que le braconnage, le trafic d’espèces sauvages. Curieux paradoxe, que l’animal soi-disant le plus intelligent soit celui qui détruit inexorablement la planète qu'il 'abrite. Par Bonheur il subsiste encore dans certaines régions du globe des fragments de monde où l'animal vit selon ses propres lois. Ces derniers sanctuaires sont précieux. Ils nous permettent encore d'y admirer la nature originelle. À chaque départ en safari, Tony le guide Botswanais qui m’accompagne dans tous mes périples, a coutume de me murmurer à l’oreille : « Allons rechercher ceux qui nous aurons déjà vus avant que nous puissions les voir. Ce livre est né de cette écoute. De cette tentative d’approcher sans apeurer, de regarder sans posséder. Il est peuplé, de regards suspendus, de scènes fragiles saisies à la lisière du visible. Il témoigne de ce lien ténu entre nous et les animaux sauvages. Entrez avec moi dans le cercle privé de la faune sauvage africaine. Pénétrez dans ce mince périmètre où l’animal, bien que nous ayant repéré, depuis un bon moment, nous tolère. Écoutez-le vous parler des secrets de la savane. Si grâce à ce livre, je peux vous sensibiliser à l’impérieuse nécessité de protéger ce qui peut encore l’être, alors mes mots et mes photos auront rempli leur rôle. De 2017 à 2023, avec d’autres passionnés, nous avons porté l’événement caritatif « Éléphantesque ». Nous avons pu reverser plus de 40 000 € aux ONG : WWF et à IFAW. Soutenus par de grands noms qui nous ont fait confiance : Isabelle Autissier, André Manoukian, Michel Cymès, Alexis Pinturault, Julien Lizeroux, Tessa Worley. Aujourd’hui, pour agir directement sur le terrain, les bénéfices de ce livre seront reversés à la Mind Floor Foundation, une association qui soigne et réhabilite les animaux sauvages blessés. Merci de votre participation à ce nouveau projet.
— Francis Bompard
Né à Paris en 1957, Francis Bompard quitte la capitale direction les Alpes. D’abord moniteur de ski, fragments de monde où l’animal vit selon ses propres lois. Ces derniers il s’invite dès 1981 comme photographe sur le circuit de la Coupe du monde de ski alpin. En 1989, il co-fonde l’agence Zoom, spécialisée dans la photo de sport de haut niveau. Il collabore avec les plus grandes agences photo (Agence France Presse, Getty Images, etc). Il y a une douzaine d’années, il a ouvert une parenthèse africaine dans sa vie de photographe. Dès qu'il le peut il file en hémisphère sud pour immortaliser la faune et plus particulièrement au Botswana ou il accompagne des safaris pour photographe avec un guide local.
